vendredi 5 novembre 2010

No 5 des 10 éléments pouvant transformer les parcours de golf du Québec

Élément no 5: Moins de tonte

Concentrer les efforts d'entretien sur les surfaces principales de jeu: voilà ce que font très bien les meilleurs parcours de golf du monde. À l'élément no 3 moins d'arrosage, il a été question du syndrome d'Augusta; soit la perception que l'ensemble du parcours doit être entretenu, tondu parfaitement et vert pour être qualifié de grand parcours de golf.

Aucun autre parcours au monde ne peut s'offrir les conditions d'entretien du Augusta National. Pourtant, voici un fait intéressant: Après avoir analysé, sur image aérienne, les superficies de tonte du Augusta National et un parcours représentatif des parcours du Québec (appelons-le le parcours X), devinez lequel des parcours possède la plus grande superficie de tonte ?

Le parcours X possède la plus grande superficie de tonte, avec 475 000 m² de surfaces tondues contre 470 000 m² pour le Augusta National. Et ce, même si le parcours du Augusta National est 500 verges plus long, que sa propriété est 70 000 m² plus grande et que près de 25 000 m² doivent être tondus pour les tentes corporatives lors de la présentation du Masters. 

Comment cela est-il possible ? Rappelez-vous que ce sont des épines de pin qui recouvrent les zones boisées au Augusta National. Et dites vous que le parcours du Augusta National possède une superficie  tondue beaucoup plus grande que tous les autres parcours figurant dans les 50 meilleurs au monde que j'ai pu visiter.

D'autre part, le parcours X, comme la plupart des parcours du Québec,  n'est définitivement pas à blâmer pour cette situation, il répond à la demande des joueurs. Les parcours sont tondus mur-à-mur à une hauteur de 2 pouces et ce, malgré les effectifs et les budgets réduits avec lesquels les surintendants doivent travailler. Réduire les superficies de tonte sur les parcours du Québec est nécessaire pour améliorer la qualité de nos parcours, afin que les ressources se concentrent sur les zones qui comptent vraiment: soit les fairways, les greens, les tees et les bunkers.
Alors comment peut-on s'inspirer des meilleurs parcours du monde en matière de la gestion des tontes ?

1) Des fairways larges et des roughs vraiment "rough"
Plutôt que d'avoir des fairways de 30 verges de largeur avec de chaque côté 25 verges de "light rough", les meilleurs parcours ont été conçu pour avoir des fairways de 45 à 60 verges de largeur. Mais une fois que vous quittez le fairway, vous franchisez 3 verges de "light rough" et ensuite vous êtes dans un rough véritablement "rough". Cela ne signifie pas qu'il est dense et que vous y perdez votre balle, mais bien qu'il est inégal car il n'est pas irrigué et rarement tondu. Parfois, vous pouvez y frapper un fer 5 pour en sortir, parfois seul un coup de wedge est tout ce que vous pourrez faire.
Les fairways sont plus larges, mais les atteindre est beaucoup plus important. Les joueurs ont donc des décisions à prendre sur chaque coup.


Royal Melbourne Golf Club (Melbourne, Australie) se démarque par l'application du concept, des fairways larges et de vrais rough. Notez également les différentes textures dans le rough.


2) Aucune tonte avant le départ avancé
Sur la plupart des trous, il existe un écart de 40 à 120 verges entre le départ arrière et le départ avancé qui n'a véritablement aucune raison d'être entretenu à titre de surface de jeu. Ce sont des superficies considérables où beaucoup de ressources sont investies sans résultats. Le principe est simple: à partir des départs avancés, le parcours pourrait se jouer uniquement avec un putter. Si vous n'êtes pas capable de frapper la balle 80 verges dans les airs, votre place est sur les départs avancés.

Vue du départ arrière du 4ème trou du parcours Links à Wolf Creek en Alberta. La tonte jusqu'au fairway est minimale.
3) L'utilisation des conditions spécifiques du site
Tout comme Augusta National utilise une surface partiellement sablonneuse recouverte d'épines de pin, le paysage naturel environnant est la meilleure inspiration pour constituer les rough ou les surfaces hors du fairway. Il faut être en mesure de concilier les conditions de ces zones naturelles avec l'intérêt du jeu; par exemple une végétation trop dense génère trop de balle perdues ainsi le positionnement de ces zones est crucial.

Vue aérienne du Sunningdale Golf Club, en Angleterre. La végétation naturelle de bruyère (erica carnea) se poursuit à travers le parcours et en constitue les roughs.


Le "light rough" est pratiquement inexistant au Sagebrush Golf and Sporting Club,  les fairways larges se terminent dans la végétation naturelle.

À ce titre, Pinehurst no2 est en train de faire disparaître des surfaces engazonnées pour revenir à un "sandy rough" similaire à ce qui existait à l'origine sur ce parcours. Vous pouvez entendre les commentaires de Bill Coore, qui avec Ben Crenshaw réalise ce travail.


4) Environnement et économie
Réduire les superficies de tonte est bénéfique car elle réduit les superficies d'arrosage et donc la consommation d'eau. Également, l'intérêt économique est indéniable; le parcours de Pasatiempo en Californie a adopté une nouvelle stratégie de gestion pour ses rough et prévoit économiser 15 millions de gallons d'eau et près de 100 000 $ par année.


Le parcours de Banff Springs en Alberta (son célèbre hôtel en fond de plan) a également engendré le pas en réduisant ses superficies de coupe pour protéger l'environnement de ce site exceptionnel au coeur des Rocheuses. Si un parcours accueillant des touristes de partout à travers le monde et au prix de 200 $ par ronde peut présenter ce look à sa clientèle, votre parcours le peut aussi.

lundi 1 novembre 2010

No 4 des 10 éléments pouvant transformer les parcours de golf au Québec

Élément no 4: Une stratégie pour les arbres
À première vue, planter des arbres sur un parcours de golf semble une bonne idée. Afin de définir les corridors de jeu ou tout simplement pour l'intérêt visuel du parcours, des centaines d'arbres ont été plantés sur les parcours d'Amérique du Nord.

Trente ou quarante ans plus tard les petits arbres, qui paraissaient si frêles à l'époque, sont devenus énormes. Malheureusement, la plupart de ces plantations ont été effectuées sans aucune planification paysagère. Ceci entraîne plusieurs conséquences négatives pour les parcours de golf: des arbres plantés en ligne droite, des vues intéressantes obstruées ainsi qu'un manque de circulation d'air et de soleil nuisant à la croissance du gazon. De plus, un cadrage répétitif avec des allées d'arbres de chaque côté des fairways rend le parcours monotone puisque tous les trous commencent à se ressembler.

Demander la coupe d'arbres sur un parcours de golf peut représenter une aventure politique, mais très souvent, il est dans l'intérêt du jeu et des conditions de jeu d'ouvrir le parcours. Certains parcours ont eu une approche radicale à ce niveau; Oakmont Country Club a abattu plus de 5000 arbres afin que le parcours retrouve le style qu'il possédait à sa fondation.

Encore une fois, la planification à long terme du paysage d'un parcours est essentielle. À ce titre, plusieurs idées sont à tirer des meilleurs parcours de golf, en matière de gestion des arbres sur un parcours de golf.

1)  Des massifs plantés indépendants des trous. La plantation est un bon outil pour générer un paysage unissant le parcours, et non pas 18 corridors de jeu indépendants. Il faut sentir que les massifs boisés existaient avant le parcours et non pas que les arbres ont été plantés pour "délimiter" les trous. Le parcours doit se faufiler entre les masses boisées, permettant au joueur d'apprécier la grandeur du site.
La plantation irrégulière au Stonewall Golf Links (Old) permet de fondre le parcours aux collines de la Pennsylvanie où le joueur semble se promener librement dans un paysage sans frontières. (Photo: P. Binette)
2) Générer un cadrage varié des trous. Les meilleurs parcours utilisent souvent à merveille la notion d'échelle; soit la perception de l'homme par rapport à l'espace dans lequel il se déplace. Un espace étroit et cadré fortement par les arbres place le joueur dans un espace plus "intime" alors qu'un vaste espace nous fait paraître tout petit dans l'immensité.

Le départ du 7ème trou au Ekwanok Golf Club, au  Vermont, s'effectue à partir d'un espace étroit pour ensuite plonger dans un espace vaste et ouvert. Le second coup se joue au-dessus des buttons coupant le fairway afin de se positionner pour une approche vers un green fortement cadré par le boisé. Cette séquence paysagère contribue à la qualité du trou. (Photo: P. Binette)
Facteur d'intimidation: le jeu d'échelle est utilisé dans la stratégie du 2ème trou du Old Course à Wolf Creek en Alberta. Le coup de départ doit passer dans ce corridor étroit entre les arbres ce qui ajoute de la pression même pour les joueurs plus expérimentés. En réalité, le boisé qui s'amorce à 100 verges du départ se termine à 200 verges du départ pour laisser place à un fairway large. (Photo: P. Binette)
3) Utilisation de la flore indigène. Pour fondre un parcours au paysage, il faut s'inspirer de ce dernier dans le choix des espèces plantés. Une épinette bleue du Colorado a sa place... au Colorado. La végétation poussant sur un site est lié étroitement à sa teneur du sol. La plantation d'espèces locales contribuera également à l'identité de votre parcours.
Le paysage évolue rapidement et ainsi, avant de planter ou de couper un arbre, il est judicieux de développer une vision paysagère de votre parcours et de la suivre de façon méticuleuse. Les grands parcours du monde sont le résultat d'une bonne conception, mais également d'un entretien bien orienté effectué pendant des dizaines d'années.
Voici des photos "avant / après" présentant la transformation du 6ème trou au Roaring Gap Golf Club, Caroline du Nord, la coupe d'arbres a ouvert la perspective vers la droite. Notez la nouvelle stratégie d'entretien, ce qui ouvre la voie vers..

lundi 25 octobre 2010

No 3 des 10 éléments pouvant transformer les parcours de golf au Québec

Élément no 3: Moins d'arrosage

En Écosse, on dit souvent que le jeu commence lorsque la balle touche le sol, tellement la surface de jeu est ferme et possède des contours intrigants. La plupart du temps sur nos parcours, le jeu, tout comme la balle, arrête lorsqu'elle touche le sol.

D'ordre général, le parcours du Québec souffre du "syndrome de Augusta". Le scénario est classique: à la mi avril, les joueurs avides de retourner sur les parcours passe leur dernière fin de semaine sans golf devant leur téléviseur et regarde le Masters et le parcours immaculé et verdoyant du Augusta National. Après la fin de semaine ils sont convaincus, un bon parcours de golf est un parcours vert et demande à leur surintendant de reproduire ces conditions.

Voici la réalité:
1) Augusta National serait un grand parcours de golf même si le gazon était jaunâtre. La conception du parcours fait d'Augusta National un grand parcours de golf.
2) Votre surintendant est chanceux s'il possède le cinquième de l'équipe d'entretien et du budget du Augusta National. Alors s'il vous plaît, soyez conscient de cette situation avant de commenter les conditions de votre parcours et le travail de votre surintendant.

La gestion de l'eau sera une des grandes problématiques du golf au cours des prochaines années et à ce titre, il faudra être prêt à réduire l'arrosage de nos parcours. Moins d'arrosage ne signifie pas un moins bon parcours en fait un parcours plus ferme à plusieurs avantages:
1) il donne un peu plus de distance pour les joueurs moins puissants accélérant le temps de jeu
2) un parcours ferme demande plus de précision pour les longs cogneurs car la balle qui rebondit et roule plus loin peut aller plus loin... vers les mauvais endroits.
3) il demande plus de stratégie car il est plus difficile d'arrêter la balle sur les greens.
4) il récompense les coups d'approches bien exécuter.
5) un rough moins arrosé est moins dense et peut être plus long, il peut donc être tondu moins souvent.

En visite au Blackhawk Golf Club à Edmonton, 21ème meilleur parcours au Canada, le surintendant me confiait qu'il n'arrose que très rarement les fairways, et ce même si le climat d'Edmonton est aride. Il ne se soucie pas du fait que l'herbe jaunisse quelque peu car il recherche des conditions fermes pour assurer l'intérêt du jeu. Son parcours consomme la moitié moins d'eau et son budget d'entretien représente la moitié de celui du parcours de l'autre côté de la rue et il est en meilleur condition. Les ressources dont il dispose sont investis de la bonne façon.

Pour rendre un parcours plus "vert" écologiquement, il faudra probablement le rendre plus jaunâtre... Encore une fois, la gestion des ressources pour générer une expérience de jeu de qualité.

 Le 15ème trou du Blackhawk Golf Club, trop vert au goût de son surintendant. Notez la texture dans le rough du haut peu de tonte à ce niveau.


Peu de gens se préoccupent de la couleur du gazon dans les îles Britanniques, on laisse la nature suivre son cours et n'utilise l'irrigation que dans des cas extrêmes. La couleur du gazon n'est pas représentatif de la qualité du parcours. Ci-haut trois photos du Royal Liverpool en 2006, année où le parcours a reçu le British Open en juin, en juillet et en septembre.

Au Danemark, le prix de l'eau et une règlementation banissant les pesticides ont mené plusieurs parcours à modifier leur type de gazon, en passant à la fétuque. Au Rungsted Golf Klub, de nouvelles pratiques permettent de gérer ce nouveau type de gazon pour produire des surfaces de jeu plus fermes et de grande qualité.

À suivre: Élément no 4, une stratégie pour les arbres

mercredi 20 octobre 2010

No 2 des 10 éléments pouvant transformer les parcours de golf au Québec

Élément no 2: De vrais bunkers

Les bunkers donnent souvent le caractère à un parcours. De par leur conception, leur disposition et leur configuration, ils influencent grandement la stratégie de jeu et testent les limites du joueur. À regarder les bunkers au Québec, on peut affirmer que nos parcours sont beaucoup trop complaisants et pratiquement dépourvu de caractère. Vous ne me croyez pas, à quand remonte la dernière fois où vous avez délibérement jouer du côté opposé d'un bunker car il était trop intimidant ? Pour certains, ce n'est peut-être jamais arrivé.

Les bunkers doivent-ils être tous spectaculaires, profond et sévères. Bien sûr que non. Le traitement des bunkers est sans doute un des aspects les plus complexes de la conception d'un parcours de golf. À ce titre, les meilleurs parcours du monde offrent une variété incroyable dans la composition de leurs bunkers applicables à leur situation spécifique. Quelques points de réflexion sont à étudier de façon plus précise.

1) Mieux vaut un bunker bien placé que cinq présents pour l'apparât. Un bunker est un obstacle qui, pour avoir sa pleine utilité doit être placé le plus près possible ou directement sur la ligne de jeu. Le joueur doit considérer le bunker dans sa stratégie et réfléchir pour obtenir le meilleur score. Trop souvent, on voit les bunkers sur les côtés des fairways pour "pénaliser les mauvais coups"... Un mauvais coup n'est-il pas déjà une pénalité ?

Petit et intimidant dans cette immensité, ce bunker au 14ème trou du Wolf Creek Golf Club en Alberta, est au bon endroit, directement dans la ligne de jeu. (Photo: P. Binette)

2) Les bunkers doivent être disposés de façon variée sur le parcours. Les meilleurs parcours du monde ont résisté le test du temps souvent en raison de cet aspect. Plutôt que d'avoir des bunkers de chaque côté du fairway à 250 verges des départs arrière trou après trou, les bunkers sont placés pour être en jeu pour différents calibres de joueur. Certains bunkers sont situés à 180 verges des départs arrières, d'autres à 300 verges, suivant la topographie du parcours ou selon la direction que l'architecte voulait donner au trou.
Le fairway se faufile entre les bunkers au 10ème trou du Royal Lytham and St. Annes GC en Angleterre. Ce parcours démontre bien qu'une judicieuse disposition des bunkers peut générer un grand parcours même sur un site plat. (Photo: P. Binette)


3) Les bunkers doivent relever du hazard. L'incertitude est un aspect important d'un bon bunker. Le bunker doit offrir une variété de positions rendant la sortie du bunker de relativement facile à très difficile. Un bunker où toutes les positions sont faciles n'influencent que très peu le jeu, alors qu'un bunker où toutes les positions sont très difficile n'encourage pas le joueur à exécuter une sortie audacieuse qui produiras un coup spectaculaire ou un désastre.  
Les bunkers autour du 17ème green à Sand Hills, Nebraska sont pour le moins hazardeux. Les graminées, les pentes et les dimensions variées rendent ce trou de 140 verges très excitant et impressionnant visuellement. (Photo: P. Binette)


4) Les bunkers sont conçus et entretenus de façon artistique. Aucun plan ne parviendra à produire des bunkers d'une qualité exceptionnelle. Seule la présence du concepteur sur le site, inspiré par le site peut générer une composition de bunkers qui donneront une identité forte à un parcours. Une attention au détail lors de la construction et l'entretien d'un bunker fait toute la différence.
La précision dans la conception et l'entretien des bunkers du Royal Melbourne Golf Club n'ont que très peu d'égal. Notez que le fairway se rend directement à la bordure du bunker apportant une définition nette au parcours. (Photo: golfarchitecturepictures.com)

Question de vous convaincre sur l'aspect artistique de la construction des bunkers, prenez le temps de regarder l'équipe de Gil Hanse au travail à Castle Stuart en Écosse. Ce type de conception correspond sensiblement au processus que j'ai pu expérimenter dans mes différents projets.

Gil Hanse parle de l'évolution des bunkers et son concept de design à Castle Stuart.

Jim Wagner explique comment réaliser ces bunkers, directement à partir du site.


lundi 18 octobre 2010

Les 10 éléments pouvant transformer les parcours de golf au Québec

Après avoir visité des parcours de golf aux quatre coins du globe, il est possible de distinguer l'écart de qualité entre les parcours du Québec et ceux d'ailleurs. Certains diront que les parcours au États-Unis, en Écosse ou en Australie bénéficient d'un meilleur climat et de plus de ressources pour générer des parcours de qualité. Ce sont plus une meilleure compréhension du jeu ainsi qu'un ensemble de bonnes pratiques dans l'aménagement et l'entretien des parcours qui font la différence.

En fait, je crois qu'il est possible de transformer et d'améliorer la plupart des parcours du Québec avec des actions simples et concrètes. Les actions q1ui seront proposées ne demandent pas plus de ressources, mais plutôt réorientent les ressources vers ce qui compte le plus: générer une expérience de jeu de grande qualité.

Voici donc le premier des 10 éléments pouvant transformer les parcours de golf au Québec:


Élément no 1: Un meilleur aménagement paysager des parcours

Les parcours de golf du Québec comprennent souvent de multiples petits aménagements paysagers: muret de blocs de béton autour des départs, petits îlots de plantations floraux contenant des 20 espèces de plantes différentes, des fontaines et petits bassins d'eau, des épinettes bleues du Colorado etc..

Ces petits aménagements apportent très peu à l'intérêt du jeu, sont hors échelle par rapport à la superficie d'un parcours de golf en plus de demander beaucoup de temps de main d'oeuvre et d'argent pour les entretenir.

Mais alors que font les grands parcours de golf du monde en matière d'aménagement paysager ? Ils ne recherchent qu'une chose à ce sujet, rendre le parcours indisociable du paysage dans lequel il s'inscrit. Ces aménagement artificiels nuisent à la création du lien entre le parcours de golf et son paysage environnant. Plusieurs parcours auraient intérêt à développer une gestion globale de l'aménagement paysager de leur parcours et à réaliser des interventions à l'échelle du parcours.

Voici comment s'y prennent les meilleurs parcours du monde.
1) Ils utilisent des arbustes et vivaces indigènes: ceux-ci donnent une meilleure texture au parcours,  nécessitent très peu d'entretien et réduisent les superficies de tontes.

Les graminées et petits arbustes indigènes sont parsemés aléatoirement entre le départ et le green du 2ème trou, par 3 de 15o verges, du Metropolitan GC près de Melbourne en Australie. Très peu d'entretien, une identité propre au paysage environnant et une texture visuelle très intéressante. (Photo: D. Scaletti)


2) Les arbustes et vivaces indigènes sont plantés en massif de grandes dimensions et dans un pattern irrégulier et naturel.

Un massif de Ulex europaeus (gorse en anglais) en fleur marque l'arrière du 3ème green à Alwoodley GC, près de Leeds en Angleterre. (Photo: P.Binette)


3) Les plantes sont intégrés aux éléments du parcours: on peut voir des arbustes à proximités des bunkers ou dans les zones d'herbes hautes.

À Walton Heath GC, tout comme dans la plupart des parcours situés dans les heathlands (ou terre de bruyère en français) au sud-est de Londres, la présence du Erica carnea (bruyère) est remarquée autour des bunkers et dans les roughs. Une expertise locale s'est développée en matière d'entretien afin de rendre ces surfaces aptes au jeu. (Photo: K. Franz)

Sans doute la scène florale la plus spectaculaire du monde du golf, le talus de plus de 3 km en fleur à Royal Dornoch en Écosse à la fin mai. (Photo: P.Binette)

lundi 11 octobre 2010

Le "style" de l'architecte... ou le "style" du parcours

Après quelques jours à travailler sur les bunkers du club de golf Beauceville (vous pouvez voir les photos plus bas), je me suis questionné sur la question du "style" d'un architecte de golf. La plupart des architectes de golf ont un "style" qui leur est propre. Pour certains architectes de golf, on se demande si c'est un "style" ou du copy and paste !!!

Le travail que j'ai effectué à Beauceville, avec la collaboration de M. Alain Simard, directeur de golf du club, de membres de l'équipe du terrain et des bénévoles, était diamétralement opposé au travail que j,ai effectué sur mes autres projets. Plutôt que de construire des bunkers à l'allure rustique, le travail à Beauceville portait sur la réalisation de bunkers aux formes simples, très "propres". C'est une autre esthétique, mais elle correspond bien au parcours de Beauceville

J'ai expliqué que l'important pour un parcours de golf, c'est d'avoir sa propre personnalité, pas de copier les éléments des parcours environnants ou de perdre son identité pour suivre le "style" d'un architecte.   Ainsi, mon approche en matière de rénovation de parcours n'est pas d'imposer mon "style", mais bien de comprendre l'essence d'un parcours, percevoir son caractère et visualiser son potentiel.

Savoir s'émerveiller, s'adapter et se réinventer sont des qualités essentielles pour être à précurseur dans la conception de parcours de golf. 

Bunker devant le 8ème green, avant les travaux


Bunker devant le 8ème green, après les travaux
Approche du 17ème green









jeudi 7 octobre 2010

L'importance d'être présent sur le site

Sur le terrain, c'est l'endroit où se conçoit véritablement un parcours de golf... pas assis confortablement au fond de son bureau. Un plan a ses utilités, pour organiser, préparer la stratégie de travail, évaluer les coûts etc, mais comme le dit l'expression: le diable est dans le détail.

Mais pour déterminer si un green fonctionne, si les contours sont intéressants pour le jeu ou si l'angle de vue serait meilleur si le départ était déplacé de 5 verges vers la droite, la présence sur le site du concepteur est essentielle.

Je travaille présentement au redécoupage des bunkers au club de golf de Beauceville. L'objectif n'est pas de reconstruire les bunkers, mais seulement de définir les pourtours. Dès le travail amorcé dans le premier bunker, je me suis rendu compte que je devais modifier le style architectural et la méthode de travail que j'avais initalement prévu.

Le style des bunkers nouvellement découpé n'a pas la prétention d'être révolutionnaire, mais il permet d'améliorer la qualité du parcours à peu de frais et dans une perspective de continuité pour le club. L'importance d'être présent sur le site pour ce travail de précision est accentuée.
Voici donc quelques images:



 

dimanche 3 octobre 2010

Camp d'entraînement

Afin de me préparer au travail de découpage des bunkers au club de golf Beauceville plus tard cette semaine, j'avais besoin d'un bunker pour me réchauffer, question d'évaluer l'effort nécessaire pour le travail et de reprendre la forme.

Le bunker du champ de pratique du club de golf Verchères, lieu où j'ai appris à jouer était l'endroit idéal pour se rechauffer. Un appel téléphonique et le tour était joué.

À mon arrivée, c'est plus un lac qu'un bunker qui se dressait devant moi. Une tranchée de drainage, quelques heures de travail, une pelle et un râteau, je vous laisse voir le résultat.




Les photos présentent l'évolution du travail au cours de l'après-midi. Il serait surprenant que la forme et les contour du bunker survivent très longtemps, compte tenu qu'il s'agit d'un bunker de pratique et qu'il s'agit de l'espace d'entraînement des équipes secondaires et collégiales de golf. Le bunker voit donc beaucoup d'action.

samedi 2 octobre 2010

Un rêve, une idée, deux parcours incroyables

J'ai eu la chance de travailler à la construction du Barnbougle Dunes Golf Links en Tasmanie, Australie en 2003. Depuis ce temps, le parcours est devenu l'un des 50 meilleurs parcours du monde.

Mais construire un parcours de calibre international dans un site aussi isolé que Bridport, un village de 4000 habitants à 1h30 d'une "ville" de 80 000 habitants était au début, considéré de la folie. Greg Ramsay a eu ce rêve et aujourd'hui, ce n'est pas un mais deux parcours qui existent à Bridport, Barnbougle Dunes et le nouveau The Lost Farms, 

Il est grand temps qu'un grand parcours de golf, à la hauteur des meilleurs au monde, soit construit au Québec. Un site, un budget et je m'engage à effectuer la conception et la réalisation du parcours. Le niveau à atteindre et les techniques pour y parvenir sont à ma portée.

En attendant, je vous laisse Greg Ramsay raconter son histoire au:
http://www.youtube.com/watch?v=qK6wamAiFrs
Soyez prêt pour l'accent australien.

Voici des images du second parcours The Lost Farms, tirées de golfclubatlas.com



site web: http://www.barnbougledunes.com.au/

vendredi 1 octobre 2010

Lancement de mon blog

Bonjour à tous,

Je lance mon blog avec un objectif clair: présenter mes réflexions, expériences et mon travail en matière d'architecture de golf. Pour ce faire, je vais essayer de vous amener inside the ropes sur la conception et la réalisation des meilleurs parcours de golf du monde. Le tout en français... (mais un bunker reste un bunker... ) .

Au cours des dernières années, j'ai eu la chance de mettre les pieds sur des parcours de golf exceptionnels et de travailler pour certains des meilleurs architectes de golf du monde. Le blog vous permettra de découvrir les parcours ainsi que les techniques de conception et de construction qui rendent possible la création de ces parcours.

Je vous préviens tout de suite, le côté glamour s'arrête là. Il faut mettre passer du temps à travailler, au fond du bunker pour faire de l'architecture de golf son travail.


La construction d'un bunker au 7ème trou du Sagebrush Golf and Sporting Club, en 2007. Au-delà de la pose à la Ken Dryden, remarquez l'aspect rocailleux du sol. Le plancher des bunkers à Sagebrush ont été réalisé à la pelle et au râteau, un travail artistique en finesse et précision pour un résultat optimum. Sagebrush a reçu le titre de meilleur nouveau parcours de golf au Canada en 2009.