mardi 18 juin 2013

Comment Merion a résisté aux meilleurs joueurs du monde ?

US Open 2013 - Champion: Justin Rose (+1)

32 ans se sont écoulés entre le US Open de 2013 et le dernier US Open tenu à Merion en 1981, le golf a vraiment changé mais le parcours a résisté.

Comment un parcours de moins de 7000 verges peut toujours résisté aux meilleurs joueurs du monde ?

D'abord, il faut mentionner que Merion avait une longueur de 6544 verges en 1981 et en 2003, lorsque j'ai visité le parcours, les départs arrières chiffraient moins de 6500 verges. Ajouter près de 500 verges sur le site minuscule de Merion constitue pratiquement un miracle. Ceci était peu perceptible à la télévision mais chaque millimètre du parcours a été utilisé à plein escient et pratiquement en double... avec un départ sur le vert de pratique (14ème), doublés (3ème et 5ème) ou près des allées du trou précédent...

Alors comment ?

1) Avec une combinaison de trous "faciles" et très difficiles:
D'abord, il n'y a pas de trous "faciles" au US Open, mais Merion possède 6 par 4 de moins de 400 verges, dont 3 trous de moins de 360 verges. Habituellement, un parcours du US Open possède 1 ou 2 par 4 de moins de 400 verges. Il y a également un par 3 de moins de 125 verges, le 13ème.
D'autre part, le parcours possède des trous extrêmement difficiles dont le 3ème, 5ème, 17ème et 18ème où jouer ces trous en +1 vous fait gagner des coups sur les autres joueurs.
Cette combinaison impose de la pression sur les joueurs qui sentent qu'ils doivent réaliser des birdies sur les trous faciles, pour pouvoir affronter les trous difficiles par la suite.

2) Avec une série de trous difficiles à la fin du parcours:
Les trous 14 à 18 sont des trous très difficiles. Ceci joue dans la tête des joueurs, ils sentent qu'ils doivent accumuler les birdies en début de parcours pour ensuite tenter de "survivre" sur les derniers trous... Si vous vous présentez le départ du 14ème à Égalité au par, vous savez que vous êtes dans le trouble... et que seul du jeu exceptionnel peut vous permettre de ramener une carte de 70.

3) Avec seulement deux par 5, dont le dernier au 4ème trou:
Que dire de plus! Profitez de vos chances tout de suite. D'ailleurs, la USGA a bien fait de racourcir le 2ème trou à 526 verges pour tenter les joueurs et les forcer à l'erreur.

4) Avec un obstacle en voie de disparition, les hors limites:
On peut dire ce que l'on veut de la pénalité coup + distance que provoque les hors limites, mais rien ne peut créer plus de tension, même chez les meilleurs joueurs, qu'un hors limite... parlez-en à Steve Stricker. Au 2ème trou, la tentation d'atteindre le vert en deux devait être calibrée avec le danger du hors-limite près de l'allée sur la droite. Peu de joueurs ont atteint l'allée avec le bois no 1 lors de la ronde finale et plusieurs joueurs ont fait des erreurs. Ce sont les pars qui gagnent un US Open, certains joueurs auraient mieux fait d'utiliser une approche conservatrice sur ce trou en frappant 230 verges, 200 verges et 100 verges et se donner une chance de birdie sans risque.
D'autre part, le hors-limite sur la gauche au 15ème imposait le respect en fin de parcours.

5) Avec des allées et des verts ondulés à l'ancienne:
Les allées et les verts à l'ancienne épousaient le site. Il ne s'agissait pas de cibles relativement planes à atteindre mais seulement le chemin a suivre sur le site, peu importe la topographie. Les joueurs devaient donc négocier avec une variété de positions de balle pour jouer leurs approches.
Pour leur part, les verts à l'ancienne de Merion penche partout et sur tous les côtés. Ce ne sont pas des verts composés de zones relativement planes séparées en différents plateaux qui, à l'intérieur de 10 pieds, laissent des putts relativement droits. À Merion, on a vu des verts où les coups roulés de moins de 10 pieds devaient être parfaits, en vitesse et en ligne, pour être réussis.

Merion est l'un des meilleurs parcours du monde, la preuve que sur un site étroit, sans élément spectaculaire, il est possible de concevoir un grand parcours de golf. Il s'agit d'un chef d'oeuvre d'architecture de golf.

Gageons que le US Open sera de retour sur Ardmore Avenue à Philadelphie d'ici moins de 32 ans.... du moins espérons-le.